Abondance, ascèse, deux versants d’une même montagne. Adret, ubac, d’une vallée mi-soleil, mi-ombre, alternance magique de la Vie qui suit son cours, dans l’harmonie et l’équilibre d’une succession si bien choisie, que de l’une à l’autre, on virevolte aux virages imprévisibles d’une vie inattendue, qui nous offre ainsi des facettes de possible évolution, sans lesquelles nous resterions immobiles, interdits, devant les grands changements qui sont là, à nos portes. 

Exigence, opportunité bienveillante, les deux en même temps ! Ne pas rater le coche, et glisser aux versants complémentaires sans rechigner, puisque l’un sans l’autre, ils ne sont rien ! L’ascèse n’est rien d’autre qu’une abondance au régime...une concentration des avoirs, une intériorisation des possibles, un élagage des exubérances... Un dépouillement qui permet à l’Essentiel de briller sans crapauds ni inclusions, et plutôt que de grisaille asséchée, évoquons surtout le blanc-bleu (couleur diamant) de cet état de richesse... sans posséder.

L’abondance, dans ce cas n’est rien d’autre que la manifestation, l’extériorisation d’une ascèse réjouissante et joyeuse, déversant à profusion tout le bien engrangé, purifié, vieilli en fûts de « j’aime », auprès d’un coeur en éveil, palpitant d’une vie accueillant l’alternance, sans résister aux appels souvent difficiles...

Et donc, l’abondance, contrairement aux idées reçues, ne consiste pas à engranger, mais bien à respecter la phase yin (et non l’inverse) du double processus, c’est à dire à laisser couler le flot intérieur, enrichi pendant la phase yang ascétique (et non l’inverse), vers la Vie, les autres, ce qui le requière.  Et , c’est alors qu’abondance il y a !  Et c’est alors que les «avoirs» se multiplient ! Et c’est alors qu’on est riche...de ce que l’on partage !

Et c’est ainsi que d’ascèse en abondance, on augmente son capital de générosité, de bienveillance, et d’amour. D’ailleurs, « Abondance de biens ne nuit pas »....de quel Bien s’agit-il ?....

L’Abondance est un flux traversant, qui enrichit celui qui se laisse infusé...dés lors qu’aucun obstacle, ou autre rétention ne vient s’opposer au voyage de cette Manne au long cours ! Les temps présents demandent à l’ascète naturel qui vit au fond de nous, de prendre les choses en mains, de bénir la récolte, et d’intérioriser les richesses, afin que dans ces temps de disette, l’Âme soit nourrie pour confronter les rudesses d’une saison qui s’annonce transformatrice....